Damon & Winnie
C'est une poupée qui dit non.
E
lle avait été d'une violence inhabituelle dans ses mots comme dans ses gestes, elle le savait. Et même si Damon n'était pas intimidé, car il lui en fallait beaucoup plus, il était sûrement choqué de cette attitude, venant d'elle. Certes, c'était ce qu'elle avait voulu. Une partie d'elle avait besoin de montrer au monde entier qu'elle n'était pas juste une petite chose fragile, une partie d'elle avait besoin de respect, peut-être même qu'on la craigne un peu. Après tout elle partait à la guerre, peut-être aussi qu'elle voulait lui montrer qu'elle était assez forte pour ça. Pour le rassurer ? Peut-être pas. Juste pour qu'il sache.Pourtant elle ne tirait aucune fierté du fait qu'elle puisse ainsi réduire sa demeure en cendres, immobiliser son corps et le forcer à l'écouter. Elle s'en sentait même honteuse mais la colère, ou plutôt les déchirures étaient plus puissantes que sa retenue. Il avait fallu qu'elle se fasse entendre. Et mettre le feu à ce stupide bout de bois n'avait pas été une provocation, c'était la première chose qui lui était venue à l'esprit pour le voir. Discerner son visage au milieu de cet amas de souffrance. Il fallait qu'elle voit jusqu'où elle pouvait aller. Qu'elle sache quand se taire définitivement. Elle regardait son visage de temps en temps, furtivement pour qu'il ne le sache pas. Il avait la mine grave et elle aussi sans aucun doute.
Elle savait que ce qu'elle avait dit n'était pas facile à entendre mais il fallait que ce soit dit. Comme lui avait dû lui dire tant de choses à Nouvel An. Mais ce qu'elle n'imaginait pas c'est qu'il puisse en avoir encore beaucoup à dire. Elle pensait qu'il la laisserait partir sans répondre mais elle était loin d'avoir raison. Chacun de ses mots la traversaient comme un couperet. Elle avait mal pour lui dans cette version de l'histoire. Et... elle se sentait coupable. Coupable parce qu'il lui avait ouvert son cœur et qu'il semblait avoir eu tort. Elle sentait comme ses genoux se dérober sous son poids alors discrètement elle appuya ses mains sur le rebord de la fenêtre pour soutenir son poids. L'émotion avait dérobé son cœur et maintenant elle ne savait plus que dire, que faire. Elle ne pensait pas survivre à l'année 2017. Il n'y avait aucune chance que cela arrive en partant combattre Marcel.
Pas un mot. Pas un seul mot ne lui vient à l'esprit. Elle a peut-être tout dit après tout. Ou bien ce sont ceux de Damon qui balaient tout sur leur passage. Elle ne sait plus pourquoi elle est là. Pour le blesser ? Pour lui dire au-revoir ? Pour lui dire qu'elle ne lui pardonnera jamais ? Pour lui dire qu'elle le haït ? Pour lui dire qu'elle l'aime ? Elle est complètement perdue, sa gorge est serrée, au point qu'elle lui fait mal, parce qu'elle se bat pour ne pas pleurer face à ses mots. Elle ne veut pas le blesser encore par des larmes. Mais c'est trop pour elle...
Elle souffla un grand coup comme si ses poumons défaillaient. Il fallait qu'elle trouve quelque chose à répondre à ça mais c'était impossible. Pendant qu'il parlait elle avait croisé son regard, ses yeux perçants et elle avait gardé ce contact visuel, mais maintenant qu'il avait tout dit, elle regardait le sol.
"Je... Je sais plus." Depuis de longues secondes, elle cherchait quelque chose d'intelligent et même de réfléchi à dire. Mais la vérité c'est qu'elle était perdue. Et c'était peut-être ça qu'elle devait lui dire. Le seul dont elle voulait prendre la main c'était lui. Mais elle ne pouvait pas le toucher. Elle n'avait plus la force. Elle avait trop peur. Trop mal. Il fallait qu'elle parte, sinon elle n'y arriverait jamais. Il fallait qu'il lui dise de partir maintenant.
En fait elle avait juste besoin de temps en vérité. Elle aurait fini par lui pardonner un jour. Mais elle n'en avait pas. Dans son esprit elle était déjà morte. Et elle le serait forcément avant qu'elle puisse le retrouver un jour. Mais elle venait de lui dire de ne pas laisser partir une femme qui l'aime, et lui il venait de lui dire de prendre la main de l'homme qui l'aime. Est-ce que c'était simplement trop tard ?
"Je ne sais même plus ce que je fais là." Finalement les larmes coulèrent, mais elle le regardait lui. Elle lui avait brisé le cœur. Il lui avait brisé le cœur. Et maintenant ils avaient mal, face à face. Et elle avait besoin qu'il lui dise quoi faire.
"Y aura pas d'autre homme, il n'y aura pas d'enfants, alors il n'y aura jamais d'autre main que la tienne."